Nos ancêtres les Gaulois ? Pas sûr, à en juger par tous les vestiges romains qui parsèment le territoire français… Petit tour d'horizon des sites antiques les plus impressionnants et chargés d'histoire que l'on trouve en France.
1. Orange, dans le Vaucluse
L'ancienne Arausio des Romains a gardé de sa splendeur passée deux remarquables vestiges, inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. Le premier est un théâtre antique, à la beauté massive, qui compte parmi les mieux conservés du monde romain. Édifié entre 10 et 25 apr. J.-C., il pouvait accueillir 10 000 spectateurs. Son mur de scène, garni de colonnes, de niches et d'une statue, a des dimensions impressionnantes (103 m de long et 37 m de haut). Le second est un arc de triomphe du Ier siècle, dont le superbe décor sculpté est orné de scènes de batailles et de trophées. Haut de 19 m, il ravive la gloire ancestrale d'Auguste, empereur des Romains. >>> Temps fort du théâtre antique, les Chorégies ont lieu chaque année en été.
2. Les Thermes de Cluny et les arènes de Lutèce, à Paris
Les plus importants vestiges gallo-romains conservés au nord de la Loire sont les thermes de Cluny. Construits au Ier siècle et en activité jusqu'au IIIe siècle, ils étaient les plus grands des trois thermes que comptait Lutèce. De l'entrée, située dans l'actuelle rue des Écoles, on accédait à la palestre (où se pratiquaient les exercices physiques) puis au caldarium (bains chauds), au tepidarium (bains tièdes) et au frigidarium (bains froids). Partie la mieux préservée, le frigidarium conserve ses voûtes, qui s'élèvent à 13,50 m et reposent sur des consoles en proue de navire. La disparition du décor de la salle permet d'observer son appareillage de moellons et de briques.>>> Près de la rue Monge (5e arr.), les arènes de Lutèce, construites vers l'an 200, ne furent redécouvertes qu'au XIXe siècle. Difficile d'imaginer qu'elles étaient les plus grandes de Gaule. Longues de 130 m avec 35 gradins, elles pouvaient accueillir 18 000 spectateurs, pour des comédies ou pour des combats.
3. Les thermes de Chassenon, en Charente
Édifiés avec des pierres brunes provenant d'une météorite venue s'écraser voici 200 millions d'années, les thermes gallo-romains de Cassinomagus (la « plaine des chênes »), leur nom gaulois, sont les plus monumentaux et les mieux conservés que l'on puisse voir à ce jour en France. Construits au Ier siècle, utilisés pour des soins d'hygiène et des cures, ils font partie d'un sanctuaire comportant un théâtre et un temple. Le site a été déserté après les invasions barbares. Les fouilles actuelles ont permis d'exhumer d'autres édifices, dont les vestiges d'un aqueduc. Les visites audioguidées se déroulent sous les hangars qui protègent les ruines. >>> Entrée gratuite tous les premiers samedis du mois, sauf en juillet-août.
4. Arles, dans les Bouches-du-Rhône
À mi-chemin entre l'Italie et l'Espagne, Arles a occupé un rôle stratégique au sein de l'Empire romain ; la ville a d'ailleurs été élevée au rang de résidence impériale par l'empereur Constantin. Il n'est pas étonnant d'y trouver de nombreux vestiges romains, à commencer par son amphithéâtre, qui se transforme régulièrement en arène ; son théâtre antique ; les Alyscamps, une nécropole romaine, ou encore les vestiges des thermes de Constantin. Dernier témoin en date de ce passé romain, le plus vieux buste connu de Jules César (sculpté de son vivant) a été repêché dans les eaux du Rhône, à Arles, en 2008. >>> Le musée de l'Arles et de la Provence antiques est le prolongement idéal d'une visite de la ville.
5. La cité de Glanum, à Saint-Rémy-de-Provence
À Saint-Rémy-de-Provence s'élèvent les superbes vestiges de la cité antique de Glanum. Successivement gauloise (les Salyens installèrent un sanctuaire près de la source), grecque (par ses contacts avec Marseille), puis romaine, elle témoigne de huit siècles d'occupation humaine, du VIIe siècle av. J.-C. jusque vers l'an 260, époque des invasions barbares. Débutées en 1921, les fouilles mirent à jour les ruines d'édifices religieux, de temples, d'un forum, de thermes et d'un quartier résidentiel. À côté, les Antiques (un arc de triomphe et un mausolée d'une hauteur de 18 m) présentent d'intéressants bas-reliefs aux scènes mythologiques. >>> Visites toute l'année (glanum.monuments-nationaux.fr). Ne manquez pas les maquettes de l'ancienne cité, aux périodes grecque et romaine.
6. Vaison-la-Romaine, dans le Vaucluse
Vaison porte bien son nom… depuis 1924 ! C'est en effet à cette date que les fouilles entreprises par l'abbé Sautel révélèrent une telle richesse de splendeurs antiques que l'on rebaptisa la ville « la Romaine ». Le site est, encore aujourd'hui, la plus grande superficie archéologique française. Sur 15 ha, il révèle le passé de l'ancienne Vasio, une des cités les plus prospères de la Narbonnaise. On y découvre les vestiges de riches demeures, telles la « maison à la Tonnelle », la « maison à l'Apollon lauré » ou celle du « Buste en argent », ainsi que les ruines de thermes, de rues commerçantes et d'un superbe théâtre antique de 6 000 places, datant du Ier siècle. >>> Ne manquez pas la visite du musée archéologique Théo Desplans !
7. Nîmes, dans le Gard
Il existe des amphithéâtres romains plus grands, mais celui de Nîmes reste l'un des mieux conservés au monde. À l'intérieur, près de 25 000 spectateurs pouvaient assister aux combats des gladiateurs. Aujourd'hui, aficionados de corrida et amateurs de concerts se ruent toujours dans les arènes de Nîmes. La ville abrite deux autres vestiges romains d'intérêt majeur : la Maison carrée, temple romain du Ier siècle av. J.-C., et la tour Magne, vestige de l'ancienne enceinte de 6 km de long qui entourait la ville antique.
8. La ville romaine de Vienne, en Isère
Dans l'ombre de Lyon et de Grenoble, Vienne apparaît souvent comme une ville dénuée d'intérêt. Il suffit pourtant d'une visite pour se convaincre du contraire. Labellisée Ville d'art et d'histoire, elle a traversé les siècles et les peuples – gaulois, romain, germanique –, et ses origines remontent au Ve siècle av. J.-C. De cette longévité, elle a gardé un patrimoine antique exceptionnel, notamment ses monuments romains, tels le jardin archéologique de Cybèle, le temple d'Auguste et de Livie ou son théâtre, qui accueille chaque année le très célèbre festival Jazz à Vienne. >>> Une visite du site archéologique de Saint-Romain en Gal, en face de Vienne, permet de comprendre l'organisation d'une ville romaine.
9. Lyon, dans le Rhône
Les Romains s'installèrent sur le site de Fourvière, au carrefour des voies romaines d'Occident, en 43 av. J.-C. Cette nouvelle cité, baptisée Lugdunum, prospéra rapidement et développa une puissante activité commerciale grâce à ses accès terrestres et fluviaux. À son apogée, la capitale des Gaules compta près de 50 000 habitants, devenant ainsi la deuxième ville de l'Empire, derrière Rome. Aujourd'hui, le théâtre antique de Fourvière et les vestiges de l'amphithéâtre des Trois Gaules, à la Croix-Rousse, sont les principaux témoins de ce glorieux passé. >>> À ne pas manquer sur le site du théâtre antique de Lyon : la visite du Musée gallo-romain.
10. La villa gallo-romaine de Montmaurin, en Haute-Garonne
Étendue sur plus de 1 000 ha et ne comptant pas moins de 250 salles, cette villa gallo-romaine est l'une des plus importantes du sud de la France. Outre les bâtiments d'habitation aménagés autour d'une grande cour centrale, une aile entière abritait des thermes parés de jardins. Ce palais, décoré de marbre et de mosaïques, était équipé de toutes les commmodités, avec eau courante et chauffage par hypocauste. Pillé et incendié lors des invasions barbares, il fut abandonné à la fin du IVe siècle. Elle a été redécouverte au XXe siècle.